Guinée Bissau : un habitat durable pour des familles vulnérables
Dans ce pays d’un peu moins d'1,7 million d’habitants, 70 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1 dollar/jour.
Classée parmi les 15 pays les plus pauvres de la planète, la Guinée-Bissau vit des crises politiques récurrentes depuis son indépendance en 1974. Elles entretiennent l’instabilité du pays, avec pour conséquence une pauvreté qui ne diminue pas, des services publiques quasiment inexistants et une corruption maximale.
Depuis 2014, la Fondation, associée à l’expertise de CRAterre et l’action de l’ONG GRDR, a monté un programme qui a pour objectif la promotion et la réhabilitation d’un habitat durable en Guinnée Bissau. Après le montage du projet, l’étude sociologique et le choix des 3 quartiers prioritaires, c’est en décembre 2016 que les premiers résultats ont été visibles sur place.
À Canchungo (environ 12 000 habitants), 3e ville du pays, 50 maisons ont été réhabilitées, 200 porteurs de petits projets économiques « verts » (dont 75 % de femmes) ont été soutenus et 50 jeunes ont été formés.
Comment réparer ma maison qui prend l'eau ?
En entrant dans Canchungo par la seule route goudronnée qui se termine au 1er carrefour, rien n’indique qu’il se passe quelque chose d’important qui va transformer durablement la vie de ses habitants.
Une maison réhabilitée de façon arbitraire, à la vue de tout le monde et un grand panneau d’information au même endroit participent à la visibilité du programme. La maison choisie est celle d’une pauvre dame âgée, grand-mère qui a la charge de ses petits-enfants. Elle s'est présentée un jour au GRDR en disant : "Je ne viens rien vous demander, je veux juste vous dire merci pour tout ce que vous faites, et si vous pouvez m’expliquer comment je peux réparer ma maison qui prend l’eau »
Fin 2016, l'ensemble de la population à Canchungo semble connaitre « les maisons du GRDR » comme la population les appelle. La moyenne de 3 000 €/maison est respectée. Spacieuses, elles abritent entre 12 à 25 personnes. 102 artisans ont travaillé sur les chantiers de réhabilitation qui ont permis leur rénovation.
Parallèlement aux réhabilitations, le projet prévoyait un volet important d’activités génératrices de revenus visant la création d’une dynamique économique pour 200 porteurs de projets.
Si les réhabilitations ne concernent que 3 quartiers de Canchungo, les soutiens financiers aux actions génératrices de revenus les concernent tous. Elles sont principalement réservées aux femmes et aux jeunes.
Petits commerces, vente de produits agricoles, forestiers et maraichers ; secteur agricole (élevage, agriculture, maraichage)… 112 projets fonctionnent actuellement (la subvention moyenne est de 200 € environ par projet) et concernent 87 % de femmes ; 1/3 des projets relèvent de créations et les deux autres tiers sont un appui au renforcement d’une activité.
C’est toute la population de Canchungo qui s'est réjouit qu’une ONG et des bailleurs s’intéressent à elle. Ces maisons réhabilitées, visibles par tous, entrainent une dynamique nouvelle. Quant aux Actions génératrices de revenus, elles suscitent des envies et de l’espoir dans un environnement économique difficile pour tous.