Une autre vie a commencé.
Eddy, 42 ans, est un ancien accueilli de la Boutique Solidarité de Valenciennes. Il est aujourd'hui locataire d'un studio et travaille. Il y a 4 ans, il vivait à la rue et pensait y finir ses jours.
"Si je n'avais pas poussé la porte de la Boutique Solidarité, jamais je ne serais devenu ce que je suis aujourd'hui. Je n'ai plus honte. Une nouvelle vie a vraiment commencé pour moi."
Eddy a pris récemment la parole, lors de la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre dernier, à Valenciennes. Devant un public d'inconnus, il n'a pas hésité à raconter son histoire et son parcours qui lui ont permis de sortir de l'errance et de l'addiction à l'alcool.
Au début, je n'osais même pas pousser la porte. Je n'avais aucune confiance en moi et ne voulais avoir de contact avec personne. Mais quand vous êtes dehors et qu'il fait froid, à un moment, vous voulez juste vous rechauffer. J'entrais dans la Boutique, je prenais un café et restait au chaud, sans dire un mot.
Et puis un jour, grâce à la Boutique Solidarité de Valenciennes, on m'a proposé de participer à un sketche pour le festival "C'est pas du Luxe". Au début, j'ai dit non. Puis, après, je me suis dit que cela pouvait m'aider, me servir de thérapie en quelque sorte, pour que j'arrive à aller vers les autres. Je me suis lancé, je ne pensais pas que j'y arriverais et finalement ça a marché. Je me suis senti bien.
On répétait toutes les semaines, avec uniquement des gens qui étaient dans la galère. Personne pour nous juger, seulement les rôles que nous avions et nous, réunis pour jouer.
J'ai rigolé avec les autres, je suis monté sur les planches et au festival, devant 500 personnes, j'ai fait rire le public et on a tous été félicité. Je me suis dit que j'étais capable de faire des choses, comme tout le monde. Vraiment, ça a été le déclic. Je suis rentré en étant convaincu d'une chose : si tu as été capable de jouer devant autant de monde et que tu as trouvé le courage, tu dois trouver celui de te faire soigner et de sortir de la rue.
Le 4 décembre, ça a fait 4 ans que je suis sorti de la rue.
Après plusieurs mois d'hospitalisation, Eddy est revenu à la Boutique. D'abord pour continuer à parler et se confier auprès des salariés et bénévoles, toujours à l'écoute. Puis pour trouver un logement et trouver un travail.
La Boutique m'a aidé pour la caution de mon studio. Ensuite, j'ai déménagé quand j'ai eu mon travail : on m'a mis en contact avec une personne qui proposait de louer à des personnes en difficulté. J'ai eu la chance d'être à la Boutique lorsqu'elle est passée.
Aujourd'hui, je témoigne comme je peux. Avant d'obtenir mon contrat de travail aux Espaces Verts de la Ville, je venais tous les jours à la Boutique pour donner un coup de main. Maintenant, j'y suis tous les lundis car je ne travaille pas. La Boutique fait partie de ma vie, elle fait partie de moi. Sans elle, je n'en serais pas là. Les gens, quand je leur dis où j'étais avant et d'où je viens, ils n'en croient pas leurs yeux ni leurs oreilles.
Aujourd'hui, j'écris et j'espère un jour reprendre le théâtre et intégrer une troupe d'amateurs... pourquoi pas ? En attendant, ma priorité c'est le travail. Je voudrais passer mon CAP de boulanger, j'ai déjà effectué un stage en immersion et la patronne veut bien me prendre comme apprenti.
C'est vraiment une nouvelle vie qui commence.