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Message de l’abbé Pierre

« Monsieur le Ministre, le petit bébé de la cité des Coquelicots de Neuilly-Plaisance est mort de froid dans la nuit du 3 au 4 janvier, pendant le discours où vous refusiez les cités d’urgence. »
abbé Pierre, janvier 1954.

photo de l'abbé pierre

2 000, puis 2700, puis 3 000 enfants à la rue en quelques semaines, en moins de deux mois. Comment se résigner à voir des enfants vivre et dormir dehors ? De jour comme de nuit, assis par terre ou sur un banc, trouvant refuge dans les bras de leur maman, parfois sans rien pour s’abriter ? Comment fermer les yeux sur une telle injustice ? Partout en France, des femmes et des hommes, des parents, réagissent et témoignent près de chez eux qu’une société plus juste et plus fraternelle est possible. Ici et là, ils s’organisent pour éviter le pire, pour protéger la vie des plus petits, des plus vulnérables d’entre nous. Dans chacune de ces actions solidaires et citoyennes raisonnent ces paroles de l’abbé Pierre, révolté par l’injustice et convaincu que "ce n’est pas à nos gouvernements de nous dire comment être solidaires. C’est à nous de leur montrer la société que nous voulons : ils comprendront."

Cependant, malgré la solidarité qui s’amplifie, l’État ne comprend pas - ou ne veut pas comprendre ? - l’urgence de la situation. Le gouvernement refusait en effet mi-novembre d’ouvrir entre 6 000 à 10 000 places d’hébergement d’urgence supplémentaires pourtant indispensables pour protéger au plus vite les familles, les enfants. Parce que cela coûte trop cher. Ces places avaient pourtant fait l’objet de 2 amendements adoptés en commission des Finances par les parlementaires. Elles auraient pu accueillir ces enfants et leurs parents… Le texte du Gouvernement soumis au 49.3 ne les a finalement pas retenus. 

Allons-nous abandonner des enfants dans la rue pour faire des économies dans le pays des droits de l’homme ? Dans le pays qui a en outre ratifié la Convention internationale des droits de l’enfant en 1990 ? 

Aucune raison budgétaire ne peut être entendue et encore moins acceptée lorsque l’on sacrifie l’enfance, lorsque l’on met en péril la vie et le devenir de milliers d’enfants. Faut-il attendre un drame pour que l’État réagisse ? Et devrons-nous reprendre mot pour mot ces terribles paroles prononcées par l’abbé Pierre il y a exactement 70 ans : « Monsieur le Ministre, c’est à 14 heures, jeudi 7 janvier qu’on l’enterre. Pensez à lui. Ce serait bien si vous veniez parmi nous à cette heure-là. » L’État est responsable du sort de ces 3 000 enfants. Il se doit de porter secours à chacun d’eux.