Mal-logement en Occitanie : résorber les bidonvilles
Cela fait plus de dix ans que la Fondation est implantée sur ce territoire marqué par de grandes disparités entre les départements qui la constituent, où le taux de pauvreté atteint plus de 20 % de la population dans l’Aude ou encore les Pyrénées Orientales, par exemple. Le manque criant de logements sociaux et très sociaux est constaté partout sur le territoire, alors que 70 % des habitants peuvant prétendre à un logement social, tous départements confondus. « Les ménages s’éloignent toujours plus des centres urbains pour vivre dans des conditions de moins en moins bonnes, avec le développement de l’habitat indigne pour les locataires comme les propriétaires. Quant aux ménages les plus pauvres, ils n’ont plus de solution de logement », précise Sylvie Chamvoux-Maitre, directrice de la Fondation, à Montpellier.
De fait, depuis plusieurs années, les bidonvilles, les squats et les habitats de fortune se développent dans et autour des métropoles où près de 1 500 personnes, dont des enfants vivent en bidonvilles…
C’est pour lutter contre cette forme de mal-logement aiguë que la Fondation, accompagnée de 5 associations, a travaillé à la mobilisation d’un Collectif d’action et de sensibilisation pour mettre en place « Montpellier zéro bidonville », auquel l’État, la Métropole et la Ville se sont associés. Après un coup d’arrêt en 2021 suite à la destruction et l’expulsion brutales de deux bidonvilles par la Préfecture et dénoncées par le Collectif, la coopération a repris et une convention a pu être travaillée entre les collectivités publiques et les partenaires associatifs avec l’objectif de résorber en douceur les lieux de vie informels dans les six ans à venir. « Grâce à ces partenariats, nous agissons à deux niveaux, d’une part le diagnostic sur le terrain des situations et l’accompagnement des habitants pour connaître leurs besoins permanents (sanitation, éducation, accès aux droits, logement…) et d’autre part, la résorption des bidonvilles les plus dangereux avec le relogement des ménages dans des logements intercalaires ou transitoires. » Pour financer cette double démarche, des fonds européens à hauteur de plusieurs millions d’euros ont été fléchés et ont permis de commencer à mobiliser le bâti vacant dans la métropole et d’accompagner les premiers ménages concernés vers le logement intermédiaire, puis à terme, vers le logement pérenne. « Avec l’association « Quatorze », nous avons réussi à résorber 2 bidonvilles, les habitants étant logés notamment dans 2 grandes villas et un immeuble mis à disposition par un propriétaire privé pendant un an. Par ailleurs, lla Solifap, société d'investissements de l'économie sociale et solidaire qui lutte contre le mal-logement, 2 autres immeubles vacants vont être réhabilités d’ici 2025 et une dizaine de logements jusqu’au T3 seront disponibles à terme. Bien sûr, cela ne répond que très modestement au manque de logements très sociaux, mais la dynamique est enclenchée, c’est cela qui est important », note Sylvie. Prochain objectif pour la Fondation : développer cette expérimentation à Toulouse où les habitants de bidonvilles sont de plus en plus nombreux.
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et La lutte contre l’habitat indigne en Haute-Garonne : suivi de situations dans la parc privé locatif toulousain - Etude de l'ADIL Haute-Garonne avril 2024