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« Je ne suis déjà plus là »

Avec la fin de la trêve hivernale, Mme A. arrivera encore moins à dormir. Depuis des semaines, elle vit dans l’angoisse de son expulsion prévue le 4 avril.

« Cela fait 30 ans que j’habite là, dans cet appartement que mon mari avait commencé à loué en 1984… Mes 3 garçons y sont nés. Tout allait bien pour nous jusqu’au Covid. En quinze jours, j’ai perdu mon mari, lors du premier confinement. J’ai mis 5 semaines à trouver un endroit où l’enterrer, tellement il y avait de décès à cette époque-là. Et c’est à ce moment que le fils de mon propriétaire, décédé en 2018, a décidé de m’expulser. Vous imaginez la situation ? Je n’ai même pas réussi à faire mon deuil... »

Depuis septembre 2021, Mme A., se bat pour rester dans l’appartement de 35 m2 situé dans le XI arrondissement de Paris qu’elle occupe avec l’un de ses fils, étudiant en Master. Le bailleur ayant demandé l’expulsion de la locataire au motif que le bail était au nom de son beau-frère et non au sien et ce, malgré les quittances pourtant bien à son nom.

Ancienne employée de la Mairie de son arrondissement et aujourd’hui au RSA, Mme A. a toujours payé son loyer avec l’aide de son fils et n’a aucune dette locative. Elle est accompagnée par l’Espace Solidarité Habitat depuis janvier 2021, elle a été reconnue prioritaire Dalo en 2022 et n’a reçue aucune proposition de logement pendant plus d’un an.

« Je voulais reprendre une formation, mais avec tout ce qui m’est arrivé, je n’ai pas pu. Je n’en peux plus… Je vais tous les jours sur la plateforme « LOC’annonces » où je trouve quelque fois des appartements, mais à chaque fois que je postule, ma candidature n’est pas retenue.

Le 2 mars dernier, j’ai enfin reçu une proposition de la Préfecture, je suis allée tout de suite voir l’appartement de 52 m2, dans le XIXe arrondissement, il m’a plu et j’ai dit oui immédiatement. Cela fait 5 semaines que j’attends une réponse. Je vis dans l’angoisse et dans 4 jours, je serai mise dehors. Comment vivre normalement avec ça ? Vous vous rendez compte, les forces de l’ordre chez moi, moi qui ai toujours payé mon loyer sans jamais de retard ? »

Les affaires de Mme A. sont rassemblées, les cartons sont prêts. Mme A. ne compte plus les nuits sans sommeil et les crises d’angoisse…

« Je vis avec un pied dedans et un pied dehors. Je ne suis déjà plus là. Heureusement que la Fondation Abbé Pierre m’aide, sans Nicolas qui m’accompagne dans toutes mes démarches, je ne serais pas là. Après le décès de mon mari, j’étais vraiment perdue. Il y a aussi la psychologue de l’Espace Solidarité Habitat que je vois régulièrement, cela me fait du bien. Je ne souhaite à personne de vivre ce que j’ai vécu, de vivre ce que je vis encore. »