« Je cuisine au four, ça permet de chauffer les pièces aussi »
Céline a utilisé toute ses économies pour racheter la maison de son enfance située dans le Finistère et dont elle avait hérité en partie.
Cette maison familiale se passe de femme en femme depuis plus de cent ans. Pas question pour Céline de ne pas prendre le relais. « Je vis seule désormais, je n’ai pas d’enfant, c’est tout ce qu’il me reste. »
Pourtant, dans cette bâtisse classée « Monuments de France », la toiture est trouée dans de nombreux endroits et s’affaisse de plus en plus ; l’eau s’infiltre par les fenêtres non isolées et des moisissures sont apparues récemment… Et les factures d’eau et d’électricité sont devenues bien trop lourdes pour la propriétaire, ancienne travailleuse sociale en recherche d’emploi depuis septembre dernier et inscrite aux Restos du Cœur l’hiver dernier.
« Je n’allume que très rarement mes 2 radiateurs et fais tourner les machines uniquement aux heures creuses, j’ai mis des rideaux pour couper le froid de la cage d’escalier, mais ça devient beaucoup trop difficile pour moi », précise la propriétaire installée près de Morlaix depuis près de 7 ans. L’hiver dernier, il faisait 14 degrés dans la pièce principale et la faible température était maintenue par la cheminée, avec la collecte de bois que Céline avait réalisé tout au long de l’année.
« Cela fait 2-3 ans que je vis avec 750 euros/mois, je n’ai pas les moyens d’acheter du bois, je ramasse tout ce que je peux. En ce qui concerne les travaux de rénovation de la maison, rien n’a pu être fait au moment où j’avais été conseillée par Soliha, il y a deux ans. Malgré mes relances, les artisans m’ont envoyé très tardivement les devis et à ce moment-là, j’ai perdu mon travail… Aujourd’hui, avec l’inflation, tout est à refaire, d’autant plus que la maison s’est dégradée encore plus entre temps… j’espère retrouver rapidement un CDI et pouvoir recommencer mes dossiers de demandes d’aide, car toute seule, je n’y arriverai jamais ».
Il y a 4 ans, la Fondation Abbé Pierre avait aidé Céline à payer sa facture d’eau. Depuis, la précarité de cette propriétaire de 44 ans s’est accentuée. Elle en témoignera le 23 mai, à l’une des tables rondes de l’éclairage régional Bretagne de la Fondation Abbé Pierre.
« Si cela peut aider à faire changer les choses, ça ne me dérange pas de témoigner. Et puis, ce que je veux, c’est faire vivre cette maison. J’envisage même d’en faire donation afin qu’elle puisse accueillir des femmes isolées avec enfants quand je ne serai plus là… je veux que la transmission aux femmes se poursuive. »