À Avignon, des femmes des quartiers populaires montent sur scène
Portée par la Fondation, cette expérience artistique inédite a donné lieu à la réalisation de "L'envol", un film-documentaire diffusé le 11 janvier en ligne.
Plaisir de jouer, apprentissage individuel et collectif du texte d’auteur, expression orale et physique en scène…Les douze femmes du film-documentaire "L'envol, quand l'aventure artistique nous révèle" se sont investies pendant plusieurs années (certaines, dès fin 2016) dans l’expression théâtrale pour écrire et jouer « Femmes », une fiction originale coécrite avec 6 artistes et comédiens professionnels (clown, marionnettiste, chanteuse…).
Le spectacle « Femmes » a été présenté au festival Off d’Avignon en 2019 et devrait à nouveau être produit sur différentes scènes en 2021-2022, notamment à la prochaine édition du festival « C’est pas du Luxe ! » de la Fondation Abbé Pierre.
Programmé en ligne lundi 11 janvier dans le cadre du festival « Debouts ! », en partenariat avec Kamea Meah Films et Imago TV, ce film documentaire a été réalisé dans le cadre de ce projet d'action artistique et social "À Table ! " soutenu par la Fondation Abbé Pierre.
Marie Delaruelle est la réalisatrice du film-documentaire « L’envol, quand l’aventure artistique nous révèle » qui retrace l’histoire humaine et artistique de ce projet exemplaire :
« On voit vraiment dans ce film les habitantes évoluer, s’affirmer, prendre confiance. Même si l’histoire est fictive, chacune de ces femmes a participé au processus de création en livrant une partie de son vécu. »
C’est au sein du Centre social du quartier Rocade-Barbière que ce projet artistique exceptionnel a vu le jour où toute l’équipe s’est également investie, créant ainsi une autre forme de relations avec les habitantes venues du quartier, âgées de 35 à 75 ans. Au fil des mois, des stages de pratique et du bouche-à-oreilles, la troupe s’est agrandie et des habitantes du centre-ville et de la périphérie d’Avignon sont venues renforcer les effectifs.
Hélène, 73 ans, est l’une des plus âgées. Avignonnaise « de vieille souche » comme elle le dit, elle pratique le théâtre depuis plus de quarante ans :
« Ce projet, il fallait que j’en sois ! Il a fait revenir la vie à la Barbière ! Ce qui est formidable dans le théâtre, c’est qu’il nous permet à toutes et à tous de créer à partir de ce que nous sommes. C’est à la fois un enrichissement individuel et collectif. On se découvre, on tisse des liens. On est vraiment dans une démarche d’expression et de construction, c’est un vrai courant de vie.
La vie, c’est quand on partage avec les autres et que l’on construit quelque chose ensemble. C’est ce que l’on fait et ce que l’on ressent bien dans le film. Il faut multiplier de telles expériences, ce brassage de générations... Cela montre ce que l’on peut faire réellement ensemble si vraiment on se donne les conditions pour et je remercie la Fondation pour cela ! »
Anay, 37 ans, confirme que cette démarche a changé sa vie et a renforcé sa confiance en elle. Après cette expérience unique, elle a commencé et réussi une formation d’animatrice et a pu lancer ses premiers ateliers d’expression avec des enfants en mars dernier, avant le confinement.
« Cette pratique sur le temps long m’a permis de me découvrir, de découvrir mes ressources. J’ai appris à connaître toutes les facettes de ma personnalité et de développer ma confiance. J’ai hâte de pouvoir remonter sur scène et de retrouver les autres. Nous avons créé des liens vraiment forts pendant le projet qui se sont prolongés à l’extérieur et on attend vraiment de pouvoir se retrouver toutes ! »